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Église

Par décret du 2 novembre 1789, l’Assemblée constituante met les biens du clergé à la disposition de la Nation. A Achères, ceux-ci se composent de terrains gérés par le Conseil de Fabrique (assemblée de laïques s’occupant des possessions d’une paroisse) de l’église Saint-Martin, et des meubles et effets qui s’y trouvent, des objets de culte et du presbytère. A cette occasion, un inventaire est effectué faisant apparaître une croix d’argent, deux chandeliers, un encensoir, une navette à encens, un calice, un ciboire, et deux barrettes du même métal.
En 1791, la cloche de l’église est descendue pour être fondue, le métal ainsi collecté servant à la fabrication de canons mais également de monnaies.

Une constitution civile du clergé étant instaurée en 1790, les prêtres et évêques sont tenus de prêter un serment de fidélité à la Nation, à la Loi, et au Roi (ce dernier disparaissant plus tard de la formule). Ce serment fait d’eux des agents publics rétribués par l’État, le refus de prêter serment étant gravement sanctionné.

Le curé d’Achères prête ce serment, se voit décerner à trois reprises un brevet de civisme, et se mariera dans la commune le 15 mars 1794.

Au début de l’été 1793, un mouvement de déchristianisation est déclenché par les montagnards (qui comportera la mise en place d’un calendrier révolutionnaire). Achères n’est pas en retard. L’église Saint-Martin est pillée, et les tombes qu’elle contenait, profanées. La croix du clocher est abattue, comme celles placées aux différents carrefours. Le bâtiment est interdit au culte, fait office de salle de réunion, avant de devenir Temple de la raison.

Le 20 floréal an II de la République (9 mai 1794), les meubles et les effets ayant échappé au pillage sont mis en vente. Il n’y a aucun acheteur. Le 2 germinal an V (22 mars 1797), le presbytère est mis en vente. Pas d’acheteur. Il convient de retenir qu’il était jusque-là loué comme bien national depuis trois ans.

Le 17 prairial an VI (5 juin 1798), la “ci-devant”* église Saint-Martin est à son tour mise en vente. Une citoyenne Chouteau fait une offre, dans le but de la démolir pour utiliser les pierres comme matériaux de construction. Avant l’adjudication, l’administration communale de Poissy interroge celle d’Achères qui répond : “L’église est encore destinée à son ancien usage”, pieux mensonge permettant à l’administration cantonale de bloquer l’opération, le bien étant alors inaliénable. Pendant trois ans, la citoyenne Chouteau poursuit les autorités de sa demande d’achat, jusqu’en 1802, où le culte fut officiellement rétabli. Un nouveau curé nommé Henri Alliot arrive sur Achères, le 21 novembre, pour constater que le bâtiment n’a plus de porte, de vitraux, d’autel, de bancs, de cloche, de linge, ou des ornements indispensables à la célébration des offices.

Pendant plus de dix ans, une somme sera dégagée du budget communal pour la remise en état de l’ancien temple de la Raison, redevenu église paroissiale Saint-Martin d’Achères.

* L’expression “ci-devant” signifiait, sous la Révolution, les qualités relevant de l’Ancien Régime. On disait dès lors le “ci-devant” marquis, ou la “ci-devant” église. Ces qualités n’étant pas révolutionnaires.