Albin Desmazes est né le 16 novembre 1894 à La Grand’Combe, dans le Gard. Lors de la Première guerre mondiale, il est mobilisé par anticipation, comme tous les hommes de sa classe (1914) après la déclaration de guerre. Après la guerre, il est embauché comme employé permanent aux Chemins de fer de l’Etat à Versailles, en qualité d’ajusteur. En 1927, il devient raboteur à Achères.
Membre du Parti communiste français, secrétaire de la section achéroise, il est également responsable syndical à la CGT. Lors de la grève nationale de 1938 qui proteste contre la remise en cause de certains acquis du Front populaire, il est suspendu de la SNCF.
Devenu maire d’Achères en 1930, il est réélu pour un deuxième mandat qu’il poursuivra jusqu’en 1939.
Sa vie personnelle va être marquée par la complexité de l’histoire de la période précédant la seconde Guerre mondiale.
Le 23 aôut 1939, le IIIe Reich et l’URSS signent le pacte germano-soviétique, approuvé par le Parti communiste français comme une contribution à la paix générale. Conséquence de ce pacte, l’armée rouge envahit la Pologne le 17 septembre 1939. L’invasion est également soutenue par le PCF. A la déclaration de guerre de la France et le Royaume-Uni contre l’Allemagne, le PCF se déclare en “lutte contre cette guerre impérialiste”, avec comme mot d’ordre “Paix immédiate”. Le gouvernement français, par la loi du 26 septembre 1939 (Décret Daladier), prononce la dissolution des organisations communistes et l’arrestation de ceux qui persistent à militer dans ses rangs.
Président local de l’association France-URSS, Albin Desmazes se déclare hostile au pacte germano-saviétique, ce qui le met en difficulté vis-à-vis de la ligne de son parti.
Affiché maire communiste, il est suspendu de son mandat, où il est remplacé par un administrateur.
Fin 1939, il est arrêté par la police française et est incarcéré à la Santé, de décembre 1939 au 10 juin 1940, jour de son évasion. Il créera ensuite un groupe de six hommes pour entrer en résistance. Cela lui vaudra une autre arrestation par la police allemande, le 19 octobre 1941, à son domicile. “C’est pour le meilleur ou pour le pire” dira-t-il en montant dans le camion en se retournant vers sa famille.
Transféré à Compiègne, il sera ensuite déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942, dit le “convoi des 45000”, en référence aux numéros de camp distribués aux 1175 hommes du convoi (45157 à 46326). Ce transfert est composé de 1100 prisonniers communistes, de 53 otages juifs, et de quelques “droit commun”. Albin Desmazes porte le matricule 45466.
Il meurt à Auschwitz le 10 août 1942, un mois après son arrivée.
La Ville d’Achères inaugure une voie à son nom en 1982, et son nom est gravé sur une plaque apposée à l’entrée de la gare d’Achères Grand Cormier, en souvenir des agents de la SNCF morts pendant la Seconde guerre mondiale.