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Alain Chamfort, l’art de l’impermanence

Alain Chamfort, l’art de l’impermanence

Alain Chamfort a sorti son 16e album studio, L’Impermanence, en mars 2024. Le projet est nommé dans la catégorie « Album » aux Victoires de la musique 2025. À l’occasion de sa résidence artistique au Sax en octobre 2024, il avait accepté de répondre aux questions du Achères Mag’.

L’impermanence évoque le changement, le caractère éphémère de la vie, des choses. Que signifie ce titre pour vous et comment reflète-t-il l’essence de cet album ?

J’ai une personnalité qui s’est retrouvée face au « goodisme » dans les années 1970. Et je trouvais que beaucoup de choses me convenaient dans cette philosophie. La notion de l’impermanence y est très présente. J’ai toujours eu cette capacité à m’adapter à ce qui arrive, à prendre les choses comme elles sont.

Cet album, vous l’annoncez comme l’ultime. Vous refermez les portes de votre vie musicale pour de bon ?

C’est vrai que j’ai annoncé L’impermanence comme le dernier album. Mais il y a d’autres supports plus courts qui existent. L’album peut paraître un peu désuet et anachronique par rapport au nouveau comportement des gens vis-à-vis de la consommation de la musique. Annoncer cet album comme le dernier me permet de justifier son contenu. Il rassemble des idées sur le temps qui passe, le regard des gens, des thématiques reliées à la vie tout simplement.

En parlant des thèmes abordés, vous explorez des sujets profonds et introspectifs dans L’impermanence.

Quand j’ai arrêté de travailler avec Claude François, ma première chanson était une prise de conscience sur la vitesse de la vie, le temps qui court. C’était la première chanson sur ce thème-là. Mais j’étais beaucoup plus jeune !

Dans Le désordre des choses (l’album précédent, NDLR), il y avait deux ou trois textes qui traitaient de ce genre de sujet, notamment dans la chanson « Exister ». Les textes parlaient de la place que l’on a dans le monde, du hasard, du fait que l’on ne maîtrise pas tout…

L’album s’ouvre sur la chanson « L’Apocalypse heureuse » et se finit avec « Tout s’arrange à la fin ». Est-ce que cela reflète votre carrière ? Le début dans un tourbillon et après on se trouve et on se pose davantage, artistiquement parlant.

J’ai toujours été vers une quête de spiritualité. Tout s’arrange à la fin…C’est un peu comme une méthode Coué. Il y a beaucoup de moments où on veut abdiquer dans la vie. Mais il faut garder en tête qu’il y a une possibilité que le bien l’emporte !

On l’a dit, l’album est assez personnel. L’auteur des textes est Pierre-Dominique Burgaud. Comment s’est passé le processus de création ?

L’alchimie a tout de suite pris entre nous deux ! C’est quelque chose d’assez fou. Déjà avec l’auteur précédent, Jacques Duvall, il y avait  une osmose. Je me suis toujours un peu caché derrière les autres car je n’ai jamais écrit moi-même. Mais j’ai toujours eu une exigence sur les textes. Ce n’est pas donné à tout le monde de trouver des paroliers avec lesquels on se comprenne et qui captent notre univers.

Vous avez une longue et riche carrière, comment l’idée de l’impermanence résonne-t-elle dans votre parcours artistique ?

Elle résonne très fortement. Ma carrière, comme celle d’autres, n’a pas été linéaire. On est amené, je ne sais pas pour quelle raison, peut-être le hasard, à côtoyer le succès. Par ailleurs, à d’autre moment, il n’est plus là. La notion de succès est quelque chose que l’on ne maîtrise pas. C’est assez infidèle.

Vous avez su, à travers les années, conserver votre « pâte » tout en vous adaptant à l’air du temps, à la modernité. Comment avez-vous réussi cet exercice ?

Je suis musicien avant tout. Je suis devenu chanteur sur une proposition de Claude François, pour lequel j’ai composé des chansons. J’ai assisté à des scènes folles, de complète fureur de la part de ses fans. Je me suis dit « si c’est ça la vie de chanteur, essayons ! ». Au début, c’était des chansons que l’on avait pensées pour lui et je sentais qu’il y avait un décalage. Le succès c’est bien si c’est une reconnaissance de ce que l’on est vraiment. Je sentais qu’il fallait que je sois heureux et fier de ce succès qui me tombait dessus. Quitte à être célèbre, soyons-le pour des raisons qui soient justifiées.

Quel regard vous portez sur la scène musicale actuelle ?

J’ai rencontré un artiste qui s’appelle Voyou, que j’aime vraiment beaucoup. C’est un musicien et il est dans une tradition de chansons avec un imaginaire. Son univers est chouette avec beaucoup de créativité. Zaho de Sagazan offre également quelque chose d’assez percutant. Il y a une vraie proposition, avec des références.

Quel message vous aimeriez que l’on retienne après l’écoute de votre album ?

J’aimerais que l’on relie le plus possible l’album à ce que je suis. Qu’il y ait une vraie cohérence entre ce que l’on entend et ce que je suis. J’espère que ce qui en émane est juste.